défense des locataires et des familles
22 Avril 2018
Si les prochaines générations retracent l’ensemble des événements, elles verront peut-être avec horreur les camps de Libye où des femmes et hommes sont violés à mort, torturés, vendus en esclaves et retenus par des pseudo garde-côtes que nous finançons nous-mêmes. Elles verront peut-être les blindés que la Turquie s’est offerts grâce aux financements des pays européens et qu’elle déploie maintenant pour empêcher les syriens de fuir. Elles verront peut-être ces ONG criminalisées et seules en mer pour porter secours à des esquifs que les eaux engloutissent sans que nous ne soyons même en mesure de savoir vraiment combien de personne ont ainsi totalement disparu. Elles verront peut-être avec sidération ces enfants de 14 ou 16 ans poursuivre leurs rêves jusqu’en France où ils seront matraqués, pourchassés et expulsés. Elles verront des hommes et des femmes criminalisés parce qu’ils avaient porté secours. Elles verront enfin que l’hospitalité et la raison ne furent que les mythes d’une époque insensée.
Le chemin que nous avons pris partout en Europe depuis des années est celui de la condamnation inéluctable de la mobilité. Mais comment croire que la répression et l’expulsion peuvent décourager des personnes que la mort n’a jamais cessé de suivre durant tout leur parcours ? Gérard Collomb doit comprendre que non, l’appel d’air n’existe pas. Non, aucune région ne sera jamais submergée par le déplacement de ce qui constitue 0,3% de la population mondiale. Non, ces personnes ne viennent pas majoritairement en Europe. Non, elles ne fraudent pas les allocations. Non, opposer les populations en détresse d’ici ou d’ailleurs n’est pas décent. Oui, il est temps de lutter contre l’ensemble de ces mensonges, oui il est temps d’imposer un discours plus juste. Il est temps de dire que les rêves qui portent l’ensemble de ces hommes et de ces femmes sont une chance. Il est temps de dire que les valeurs qui ont animé ce pays sont universelles et que parmi les devoirs premiers d’un gouvernement il n’y a ni la répression, ni l’expulsion, mais bien l’inclusion et le respect des droits fondamentaux. Il est temps de défendre une politique d’accueil et une politique solidaire pour toutes et tous.
Devant notre devoir d’humanité, il faut donc de la bravoure politique pour nous montrer digne. Digne de celles et ceux qui répondent à la détresse par leur seule humanité et que l’Etat condamne ; digne de l’ensemble de ces bénévoles qui se battent pour que le discernement l’emporte et que les droits aient une valeur ; digne de ceux qui occupent certains lieux et de ceux qui accueillent chez eux ; digne de ceux qui sauvent encore en mer ; digne enfin de toutes celles et tous ceux qui nous rappellent que nous ne vivons pas une crise migratoire, mais une crise de la solidarité.
Parce que nous refusons de vivre dans un monde où nous nous montrons manifestement incapables de sauver des femmes et des hommes, parce que nous pensons que toutes les populations en détresse en France ou ailleurs doivent avoir des droits et doivent avoir un toit, parce que nous refusons un Etat policier qui criminalise toutes les luttes et ne respecte pas les droits fondamentaux, nous en appelons à la prise de conscience de tous et de toutes. Nous devons refuser la loi Asile et Immigration, nous devons former une politique d’accueil, nous devons fonder un monde solidaire et inclusif pour toutes les populations. Nous devons tout changer parce qu’en faveur de la défense des droits et des valeurs qui sont les nôtres, notre responsabilité est bien l’espoir et la résistance.
Il faut abroger le délit de solidarité, abroger la circulaire Collomb, abroger la loi Warsmann, abroger le règlement Dublin, sortir les politiques migratoires des considérations sécuritaires, réformer l’aide au développement, activer une solidarité générale pour toutes les luttes sociales et les droits de toutes et tous. Nier la mobilité humaine n’est pas rationnel et construire la solidarité ne doit pas être un vain projet. Ce qui est vain et fou, c’est de continuer de croire qu’un monde divisé fera un monde meilleur. M. Collomb, M. Macron, s’il nous faut une réforme et une loi : c’est une réforme de l’Europe et une loi pour l’accueil.